Le développement de bases scientifiques et de méthodes innovantes, est une nécessité :
- pour la mise en œuvre d'actions dans le domaine du génie écologique, par exemple pour la restauration de milieux, la lutte contre les espèces exotiques envahissantes et les réintroductions d'espèces disparues ou menacées localement,
- pour mieux cadrer en cœur de parc la réglementation des usages, et notamment en aire d'adhésion, les contractualisations avec les acteurs (communes, agriculteurs, pêcheurs, forestiers, touristes, etc.) de ces territoires.
Les chartes de chaque parc national fixent plusieurs objectifs relatifs à la protection de la biodiversité, regroupant les modalités d'application de la réglementation en cœur de parc (réglementation spécifique, mise en place de zones de protection temporaires, encadrement d'activités, etc.) et mesures partenariales (accompagnement des usagers ou des communes, etc.).
En cœur de parc, chaque établissement peut ordonner des travaux ou des mesures pour restaurer des écosystèmes dégradés ou prévenir une détérioration des milieux naturels.
Les groupes de travail inter-parcs nationaux (scientifique, agriculture, police, etc.), animés par la tête de réseau des parcs nationaux de France, constituent le dispositif principal permettant le retour d'expériences et le partage d'outils méthodologiques et techniques, afin de mutualiser les bonnes pratiques.
La restauration de milieux
Les aires protégées constituent un élément important du maillage écologique du territoire, souvent réservoirs de biodiversité mais aussi corridors écologiques avec pour finalité la restauration de milieux naturels dégradés nécessaires aux continuités écologiques, qui conjuguent génie écologique et implication des acteurs du territoire.
Tous les milieux sont susceptibles d'être concernés et un large panel d'actions a déjà eu lieu dans certains parcs nationaux : milieux agropastoraux menacés par la fermeture des milieux, systèmes humides perturbés par modification des flux hydriques, petits fonds marins impactés par diverses sources de pollution, espaces littoraux dégradés par le piétinement et les embruns pollués, reliques de forêt semi-sèche à La Réunion épargnées de la surexploitation, etc.
L'objectif est d'y préserver (ou de retrouver) les dynamiques et fonctionnalités des milieux, d'assurer les services écosystémiques qui leur sont associés, et d'y maintenir habitats et espèces patrimoniales.
Projet emblématique du réseau des parcs nationaux : le projet « Life+ Corexerun » 2009-2014 avait pour objectif de sauvegarder la forêt semi-sèche du massif de la Montagne à La Réunion en restaurant 30 hectares à partir des reliques existantes et en « reconstituant » 9 hectares là où ce même habitat a récemment disparu afin de lutter activement contre l’érosion de la biodiversité réunionnaise.
Autre exemple de projet de restauration écologique : restauration écologique de la Réserve intégrale de l'île de Bagaud (Parc national de Port-Cros).
L'éradication d'espèces exotiques envahissantes
Les espèces introduites qui s'établissent dans un nouvel environnement, puis y prolifèrent au détriment des espèces locales, tout en modifiant la structure et la dynamique des écosystèmes, sont considérées comme des espèces exotiques envahissantes. L'introduction et la propagation de ces espèces menacent l'environnement, l'économie et la société, y compris parfois la santé des populations.
Tous les groupes taxonomiques sont concernés: virus, champignons, algues, mousses, fougères, plantes vasculaires, invertébrés, reptiles, poissons, amphibiens, oiseaux, mammifères, etc.
L'expansion de certaines de ces espèces est maintenant reconnue comme une des plus grandes menaces écologiques et économiques de la planète, et en particulier des îles océaniques. En outre, les changements climatiques pourraient accentuer l'ampleur et les effets négatifs des phénomènes d'invasions biologiques en fragilisant les milieux indigènes.
Les espèces exotiques envahissantes ont été identifiées comme une grave menace sur la biodiversité locale dans les Parcs nationaux des Calanques, de Port-Cros, de la Guadeloupe ou encore de La Réunion. Des programmes d'éradication de certaines espèces animales et végétales sont fréquemment organisés. Les actions d'arrachage d'espèces végétales envahissantes impliquent parfois une participation citoyenne.
Les réintroductions d'espèces
L'extinction d'une espèce survient quand meurent ses derniers individus, souvent sous l'effet de bouleversements climatiques, de modifications de son habitat ou encore de sa surexploitation (chasse, pêche ou cueillette). Elle s'explique souvent par le franchissement d'un seuil d'effectif en deçà duquel la spirale d'extinction s'accélère et conduit irrémédiablement à la disparition.
Les parcs nationaux ont joué un rôle prépondérant dans la réussite de nombreux programmes de réintroductions d'espèces emblématiques en France métropolitaine : bouquetins alpins et ibériques, vautours fauves, gypaète barbu, castor d'Europe, astragale de Marseille, etc.
Ils continuent d'être moteur sur ces sujets, à l'exemple du projet de réintroduction du lamantin dans les eaux du Grand Cul-de-sac marin au sein du Parc national de la Guadeloupe.
Un important déclin des effectifs au sein d'une espèce animale ou végétale constitue donc un signal d'alarme pour les protecteurs de la nature. De nombreuses actions de renforcement de populations en déclin et de réintroduction d'espèces là où celles-ci avaient disparu, se sont ainsi développées dans le monde dès 1940.
Un renforcement vise à freiner une chute dangereuse des effectifs d'une population sauvage.
La réintroduction consiste au lâcher volontaire ou à la plantation d'individus d'une espèce, provenant de populations captives ou cultivées, ou de zones où l'espèce est toujours présente. Ces individus doivent être les plus proches possibles des populations qui existent ou qui existaient dans la zone concernée.
Ces opérations constituent encore aujourd'hui l'une des justifications de l'existence de parcs zoologiques et de conservatoires botaniques.
La réintroduction d'espèces contribue à la lutte contre l'érosion de la biodiversité, qui, au-delà du niveau des espèces, intègre les interactions entre espèces, entre espèces et milieux, ces relations restant encore actuellement assez méconnues.
La réintroduction d'espèces, au-delà de l'événement que constitue leur retour, permet souvent de fédérer et de sensibiliser le grand public et les acteurs locaux à la cause de la protection de la nature.
Les territoires des parcs nationaux sont des sites d'accueil privilégiés pour ces actions non seulement grâce à la qualité et la préservation de leur environnement, mais aussi de par la capacité des équipes à assurer les suivis et l'observation dans la durée.
En privilégiant la réintroduction d'espèces « parapluie » - une espèce dont l'espace vital est très vaste et dont la nécessaire restauration améliore par voie de conséquence celui d'un grand nombre d'autres animaux - se pose la question plus large qui est celle de la préservation ou de la restauration de leurs milieux.
A ce titre, forts d'une action lancée depuis plus d'un demi-siècle en faveur de la protection de la nature, les parcs nationaux constituent un terrain particulièrement favorable à la mise en place de ce type d'actions qui sont des entreprises de longue haleine, reposant sur l'acceptation des populations et dont la réussite demeure fragile.