Un première en France !
Le Tethysbaena ledoyeri appartient à l'ordre des Thermosbaenacés dont on ne compte à ce jour que 37 espèces au monde ! Ces crustacés ont la particularité d’évoluer uniquement dans un milieu particulièrement hostile : les réseaux souterrains de galeries immergées et alimentées en eau douce, qui devient saumâtre en se mélangeant à l'eau de mer. L'obscurité y est totale. Aucun corail, aucune algue, aucune mousse ne peut se développer sur les parois de calcaire. La nourriture présente se limite aux rares débris charriés par le courant et aux quelques bactéries qui se développent sur la vase.
Aveugle mais bénéficiant d'un odorat très fin, Tethysbaena ledoyeri compte sur sa mobilité pour tirer parti de la moindre particule nutritive qu'il lui faut localiser et rejoindre dans le noir – tout en échappant à son prédateur : une puce des mers des profondeurs dont on ne sait encore pratiquement rien !
« C'est la première fois en France qu'on décrit une espèce de ce groupe. C'est comme si je vous disais qu'on a découvert pour la première fois une chauve-souris en France » explique Pierre Chevaldonné, biologiste au CNRS.
Histoire d'une découverte
Connues depuis l'époque romaine, ces galeries noyées ont commencé à être explorées dans les années 90 par des spéléologues qui remontent jusqu'à 2 km en amont du point d’entrée.
En 2003, lors d’une plongée, le biologiste Pierre Chevaldonné obverse de mystérieux organismes. Il parvient à capturer plusieurs spécimens de ces minuscules crevettes aveugles et partage sa découverte avec des collègues spécialistes des crustacés. Première surprise : cette espèce n'est pas connue ! Deuxième surprise : un spécimen semblable a été capturé au même endroit en 1993 par une équipe de plongeurs spéléologues menés par Marc Douchet. Seulement, les spécimens capturés ne sont que des femelles. Il faut donc retourner dans la rivière souterraine en 2019 pour compléter l'échantillonnage et décrire officiellement cette nouvelle espèce !
« La vie trouve toujours des solutions, l'évolution permet des innovations, des adaptations même dans les milieux les plus extrêmes » témoigne Pierre Chevaldonné.
Pour aller plus loin : www.calanques-parcnational.fr