Les principales caractéristiques des forêts des parcs nationaux
Les forêts progressent depuis plus d'un siècle sur les territoires des parcs nationaux métropolitains, par boisement spontané ou plantation : elles couvrent aujourd'hui de 15% à 75% des territoires, proportion généralement plus élevée dans les aires d'adhésion que dans les cœurs de Parcs. En fonction des territoires, on retrouve majoritairement des peuplements résineux (pin sylvestre, sapin, épicéa, mélèze dans les parcs alpins) ou feuillus (hêtre, chêne, châtaignier dans les Cévennes).
La forêt relève de plusieurs régimes fonciers dans les parcs nationaux de métropole :
- terrains domaniaux, qui relèvent du régime forestier et ont souvent une vocation de protection des sols contre l'érosion,
- terrains des collectivités, principalement des communes, qui relèvent pour la plupart du régime forestier et ont souvent une vocation de production ou de protection des sols,
- forêts privées qui sont plutôt jeunes, souvent très morcelées, et se sont développées en grande partie sur les espaces en déprise agricole ou par le biais de plantations.
En Outre-mer, la quasi totalité des cœurs terrestres des parcs nationaux sont soumis au régime forestier. Le Parc national de La Réunion présente une physionomie boisée sur environ 35% de la surface de son cœur et quelques lambeaux boisés en aire d'adhésion. En Guadeloupe, les boisements couvrent plus de 80% de la surface du cœur terrestre mais aussi de manière significative l'aire d'adhésion, avec des massifs forestiers importants et souvent de grande valeur patrimoniale.
Le cœur du Parc amazonien de Guyane est entièrement couvert par la forêt ; on y recense le long des cours d'eau quelques rares "abattis" de faible superficie que les populations amérindiennes exploitent pour leur subsistance. L'aire d’adhésion est également presque entièrement boisée. Seule la périphérie des villages et des hameaux a été défrichée à des fins agricoles ou est exploitée pour la production de bois pour des usages locaux.
Les principales vocations des forêts des parcs nationaux
Les forêts des parcs nationaux ont des vocations diversifiées : forêts d’intérêt écologique et paysager, forêt de production de bois, forêt de protection sur les pentes les plus raides...
Les forêts abritent des espèces présentant des qualités remarquables : plantes forestières rares, rapaces, galliformes forestiers (tétras-lyre et gélinotte des bois), pic noir... Elles régulent également le cycle de l'eau et modèrent le climat, en stockant durablement du carbone. En montagne, elles tiennent aussi très souvent un rôle important de protection contre les risques naturels : érosions, avalanches, chutes de blocs...
L'exploitation forestière est limitée dans la plupart des parcs nationaux. La production de bois est toutefois une activité économique importante dans certains territoires, notamment dans les parcs nationaux des Cévennes et de forêts (bois de chauffage pour les besoins des populations locales ; bois d’industrie ou bois énergie ; bois d’œuvre). Les forêts peuvent également être le support d'activités agricoles (production de vanille en sous-bois à La Réunion et en Guadeloupe ou pastoralisme en sous bois dans le Mercantour et dans les Cévennes...).
Enfin, les forêts des parcs nationaux jouent un rôle social important, avec l'accueil du public (sentiers de randonnée, aires de pique-nique en forêt, cueillette de champignons en aire d'adhésion, produits de découverte touristique en Guyane...).
Zoom sur quelques parcs nationaux...
Dans les quatre parcs de haute montagne, les espaces forestiers du cœur acquièrent une valeur patrimoniale relative plus importante en raison de la nature des peuplements (formations rares de haute altitude), de l'absence d'exploitation depuis longtemps (naturalité élevée), et de la rareté relative des biocénoses1 forestières au sein du territoire protégé. La "zone de combat" (limite entre la forêt et les formations herbacées subalpines ou alpines) est un lieu privilégié d'observation et de suivi des réponses que les milieux naturels apportent aux pressions humaines (pastoralisme) et au changement climatique global (la majeure partie des espaces de transition actuels ont été conquis sur la forêt).
Au Parc national de forêts, les espaces forestiers occupent 53% du territoire (plus de 120 000 hectares, dont 54 000 hectares en cœur de Parc national) et sont constitués de 89% de feuillus (hêtre, chênes, charme et aussi érables, merisier, tilleuls, ...) et de 11% de résineux (épicéa, pin sylvestre, pin noir, ...).
A Port-Cros et Porquerolles, où le bois n’est plus exploité, les cycles sylvigénétiques complets sont privilégiés pour laisser les espèces se succéder naturellement, jusqu’à ce qu’une perturbation crée une trouée et ramène le cycle à la case départ, tout en assurant la sécurité du public, avec les aménagements nécessaires à la Défense des Forêts Contre les Incendies.
En Guyane, la forêt ne fait l'objet d'aucune exploitation sylvicole et les enjeux y sont d'ordre écologique, d'exploitation des ressources génétiques et de maintien dans des conditions de vie satisfaisantes.
1La biocénose est un ensemble de populations (micro-organismes, plantes,...) vivant à un endroit donné. Sa composition reflète des conditions homogènes et les populations qui y sont présentes sont liées par une dépendance réciproque.